• La salle d'attente vide !

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    Cher Monsieur, 

    Je n'écris plus au prêtre à qui j'écrivais depuis que j'avais  commencé à fréquenter l'église. Je lui ai écrit en trois ans, une vingtaine de lettres, je crois. Je ne les ai pas comptées. A présent, je vous écris à vous seulement,  J'écris sur votre messagerie face-book.  Il n'y a jamais le signe qui précise que le message a été lu.  Je peux imaginer que Face book, pour vous,  n'est qu'un outil publicitaire quand vous publiez vos ouvrages ou pour l'annonce d'une de vos conférences. Vous n'utilisez certainement pas fréquemment ce réseau social à des fins personnelles. Comment réagirez-vous quand vous verrez mes messages ? Me bloquerez-vous ou au contraire, lirez-vous les messages avec  une attention  particulière ? M'y répondrez-vous  ? En tous les cas, j'aime bien vous écrire. C'est comme si j'écrivais à un inconnu qui serait très très loin dans un pays étranger.

    Toutefois, dans la réalité,  j'écris quand je suis ici, à  la maison. Je  pense qu'en votre qualité de psychologue psychanalyste chrétien et travaillant chez les religieux, vous serez intéressé par ce que je vis. J'ai découvert que cette vie ne ressemble pas à celle de tout le monde. Les événements surnaturels ont jalonné toute ma vie et ont notamment marqué  les dernières années. Est-ce pour cela que le psychiatre que je voyais une fois par semaine, se montrait fort mécontent, lorsque j'évoquais ces phénomènes ?  Non, il n'élevait pas forcément la voix. mais ses paroles étaient des couperets qui m'éjectaient de son bureau. Est-ce pour cela que j'avais l'impression de vivre dans la salle d'attente ?

    Je vous fais part d'un texte qui exprime bien que la salle d'attente était devenue une sorte de maison, comme si c'était le seul  endroit que mon être intérieur investissait  inconsciemment... Mon être intérieur n'y est plus depuis que l'analyse s'est terminée. Il  vit à présent dans l'église. 

    La salle d'attente vide.

    "Elle sort de sa maison. La nuit est tombée. Le temps est doux. Il a fait si beau dans la journée ! Une journée ensoleillée. Une journée durant laquelle, elle n’est pas sortie. Il était temps qu’elle sorte pour sentir le vent sur son visage. Pour reprendre pied avec la vie de l’extérieur. Depuis quand n’était-elle pas sortie ? Sortir. Est-ce redevenu une douleur ? Une douleur qu’elle ne ressent pas ce soir. Elle ferme la porte du jardin. Les fleurs sont fanées depuis longtemps. Elles repousseront dans un mois ou deux.. Elle ouvre la porte de l’immeuble. Allume la lumière. Sort dans la rue. Le temps est très doux. Elle remonte l’avenue, croise des passants qui semblent heureux. Ils ont tous l’air heureux.. Elle croise un père Noêl sur son vélo qui traverse la place. Elle ne peut pas s’empêcher de rire. Le père Noêl la salue et elle le salue. Elle rit et les passants rient. Ils sont beaux quand ils ont l’air heureux. Puis elle ne fait plus attention aux passants. Elle remonte l’avenue sans rien voir. Pourtant, elle voulait voir les lumières de la ville. Elle relève la tête et s’aperçoit que les illuminations sont plus sobres que les autres années. La crise, se dit-elle, déteint partout.. . Elle emprunte un autre chemin dès qu’elle a dépassé la gare. Elle passera par les petits parcs, plus hauts, après son rendez-vous. Elle se demande s’il sera en retard, en avance ou à l’heure exacte. Elle devrait parier. Non, elle longe la sombre avenue de la gare. Elle ne parie jamais. Il est rarement en retard. Souvent à l’heure. Parfois en avance. Et au bout de la rue, des lumières. Moins lumineuses que dans l’avenue principale de la ville. Elle atteint la grille. Pas besoin d’ouvrir. La grille est ouverte par un jeune homme à la démarche vive, à l’allure fière. Il ouvre toutes les grilles avec son passe électronique. Elle n’a pas besoin de chercher les codes écrits sur une carte de visite. Pas besoin. Elle devait venir, se dit-elle, comme si elle doutait encore. Combien d’années le rencontre-t-elle ? Ne pas se poser la question. Appuyer sur les interrupteurs de l’immeuble. Pas besoin. Les lumières s’allument électroniquement à son passage. Le jeune homme a disparu.. Elle compose le dernier code de la porte, pour s’annoncer. La sonnerie la fait sursauter. Toujours. La porte s’ouvre. Il est là, se dit-elle. Un regard furtif dans le miroir dans le couloir. Elle n’aperçoit plus les traces de la fatigue sur son visage. Le tourment ou la fatigue des derniers jours. Que lui dira t-elle, ce soir, dernier rendez-vous de l’année ? Ne pas oublier de lui souhaiter un joyeux noël. Lui dira t-elle tout le bien qu’elle pense de lui ? Comment lui expliquer tout ce qu’elle pense de lui ? C’est trop difficile. Il est plus facile de ne rien dire. Elle ne se pose plus aucune question quand .elle s’installe dans la salle d’attente, à côté de la baie vitrée fermée. Toujours fermée. Elle ouvre son livre. Le livre qu’elle a emporté.. Elle ne lit pas. Elle le feuillette . Elle sait bien qu’il est là, de l’autre côté. Il ne tardera pas à arriver. Elle se sent chez elle ici, à présent. Elle réfléchit. Elle se dit qu’elle a le sentiment d’être un peu chez elle. Est-ce un sentiment ? Un sentiment est-t-il une réalité ? Une réalité ? Elle attend sans attendre, sans avoir le sentiment d’attendre. Savoir qu’un sentiment est une réalité ou quelque chose d’immatériel, d’imaginaire. Elle s’est assise sur le divan jaune et rouge orangé. Elle aime bien ces couleurs là, couleurs du soleil. Couleur de la vie. Elle n’aime pas les chaises en face d’elle, près du mur. .. Elle ne les a jamais aimées.. Pourquoi sont-elles là ? Elles ont eu le pouvoir de la faire changer de place. Tout à un sens.. Le sens qu’on donne aux choses et celui qu’elles possèdent. Les choses ont leur importance, sinon elles n’existeraient pas.. Mais elle ne pense pas à cela quand elle attend. Elle pense aux livres qu’elle a lus pendant deux jours. Plus de 1.200 pages en deux jours pour que son corps guérisse de sa fatigue, que son esprit se repose, qu’elle voyage sans bouger… Et un matin à trois heures, elle a laissé ses livres et a pris une décision. Elle lui en parlera ce soir. Elle va le quitter. Marre de la salle d'attente vide. Elle sait d’instinct qu’elle lui en parlera. Et à présent, devant son ordinateur, elle se dit qu’elle a souvent exprimé le contraire de ce qu’elle voulait dire. Le contraire de son contraire et le contraire n’est pas forcément le contraire. .Elle aurait dû lui dire autre chose. Pas de regret puisque c’est déjà le passé. Et demain, elle ne sera plus là, car ici, plus personne ne l’attendra et la lampe dans la salle d'attente se sera éteinte., se dit-elle.. Elle ira vers ceux qui, certainement, l’attendent. 

    Elle sort de sa maison. La nuit est tombée. Le temps est doux. Il a fait si beau dans la journée ! Une journée ensoleillée. Une journée durant laquelle, elle n’est pas sortie. Il était temps qu’elle sorte pour sentir le vent sur son visage. Pour reprendre pied avec la vie de l’extérieur. Depuis quand n’était-elle pas sortie ? Sortir. Est-ce redevenu une douleur ? Une douleur qu’elle ne ressent pas ce soir. Elle ferme la porte du jardin. Les fleurs sont fanées depuis longtemps. Elles repousseront dans un mois ou deux.. Elle ouvre la porte de l’immeuble. Allume la lumière. Sort dans la rue. Le temps est très doux. Elle remonte l’avenue, croise des passants qui semblent heureux. Ils ont tous l’air heureux.. Elle croise un père Noêl sur son vélo qui traverse la place. Elle ne peut pas s’empêcher de rire. Le père Noêl la salue et elle le salue. Elle rit et les passants rient. Ils sont beaux quand ils ont l’air heureux. Puis elle ne fait plus attention aux passants. Elle remonte l’avenue sans rien voir. Pourtant, elle voulait voir les lumières de la ville. Elle relève la tête et s’aperçoit que les illuminations sont plus sobres que les autres années. La crise, se dit-elle, déteint partout.. . Elle emprunte un autre chemin dès qu’elle a dépassé la gare. Elle passera par les petits parcs, plus hauts, après son rendez-vous. Elle se demande s’il sera en retard, en avance ou à l’heure exacte. Elle devrait parier. Non, elle longe la sombre avenue de la gare. Elle ne parie jamais. Il est rarement en retard. Souvent à l’heure. Parfois en avance. Et au bout de la rue, des lumières. Moins lumineuses que dans l’avenue principale de la ville. Elle atteint la grille. Pas besoin d’ouvrir. La grille est ouverte par un jeune homme à la démarche vive, à l’allure fière. Il ouvre toutes les grilles avec son passe électronique. Elle n’a pas besoin de chercher les codes écrits sur une carte de visite. Pas besoin. Elle devait venir, se dit-elle, comme si elle doutait encore. Combien d’années le rencontre-t-elle ? Ne pas se poser la question. Appuyer sur les interrupteurs de l’immeuble. Pas besoin. Les lumières s’allument électroniquement à son passage. Le jeune homme a disparu.. Elle compose le dernier code de la porte, pour s’annoncer. La sonnerie la fait sursauter. Toujours. La porte s’ouvre. Il est là, se dit-elle. Un regard furtif dans le miroir dans le couloir. Elle n’aperçoit plus les traces de la fatigue sur son visage. Le tourment ou la fatigue des derniers jours. Que lui dira t-elle, ce soir, dernier rendez-vous de l’année ? Ne pas oublier de lui souhaiter un joyeux noël. Lui dira t-elle tout le bien qu’elle pense de lui ? Comment lui expliquer tout ce qu’elle pense de lui ? C’est trop difficile. Il est plus facile de ne rien dire. Elle ne se pose plus aucune question quand .elle s’installe dans la salle d’attente, à côté de la baie vitrée fermée. Toujours fermée. Elle ouvre son livre. Le livre qu’elle a emporté.. Elle ne lit pas. Elle le feuillette . Elle sait bien qu’il est là, de l’autre côté. Il ne tardera pas à arriver. Elle se sent chez elle ici, à présent. Elle réfléchit. Elle se dit qu’elle a le sentiment d’être un peu chez elle. Est-ce un sentiment ? Un sentiment est-t-il une réalité ? Une réalité ? Elle attend sans attendre, sans avoir le sentiment d’attendre. Savoir qu’un sentiment est une réalité ou quelque chose d’immatériel, d’imaginaire. Elle s’est assise sur le divan jaune et rouge orangé. Elle aime bien ces couleurs là, couleurs du soleil. Couleur de la vie. Elle n’aime pas les chaises en face d’elle, près du mur. .. Elle ne les a jamais aimées.. Pourquoi sont-elles là ? Elles ont eu le pouvoir de la faire changer de place. Tout à un sens.. Le sens qu’on donne aux choses et celui qu’elles possèdent. Les choses ont leur importance, sinon elles n’existeraient pas.. Mais elle ne pense pas à cela quand elle attend. Elle pense aux livres qu’elle a lus pendant deux jours. Plus de 1.200 pages en deux jours pour que son corps guérisse de sa fatigue, que son esprit se repose, qu’elle voyage sans bouger… Et un matin à trois heures, elle a laissé ses livres et a pris une décision. Elle lui en parlera ce soir. Elle va le quitter. Marre de la salle d'attente vide. Elle sait d’instinct qu’elle lui en parlera. Et à présent, devant son ordinateur, elle se dit qu’elle a souvent exprimé le contraire de ce qu’elle voulait dire. Le contraire de son contraire et le contraire n’est pas forcément le contraire. .Elle aurait dû lui dire autre chose.  Elle n'éprouve aucun  regret puisque c’est déjà le passé. Et demain, elle ne sera plus là, car ici, plus personne ne l’attendra et la lampe dans la salle d'attente se sera éteinte., se dit-elle.. Elle ira vers ceux qui, certainement, l’attendent"

    Bien sincèrement

    C.S. .


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